BROGOLLe bras de fer de Total avec ses employés au Burkina FasoLes activités de Total au Burkina Faso ne représentent sans doute qu'une partie infinitésimale du chiffre d'affaire de la compagnie pétrolière française. Raison de plus pour ne pas ignorer ce qui peut se passer à l'autre bout de la chaîne d'une grande multinationale. L'Observateur Paalga
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au Burkina, rend compte d'un conflit social à Total-Burkina.Le bras de fer qui oppose la direction de Total-Burkina à ses employeurs a amené la fermeture des stations-service de la société depuis près d'une semaine. Le mardi 28 avril 2009, le personnel en grève a rencontré la presse, à la Bourse du travail de Ouagadougou, pour l'informer des causes et de l'état de la situation.
Le personnel de Total-Burkina est en grève, et une violente crise secoue la société, opposant la direction à son personnel. Depuis le 24 avril 2009, les derniers cités ont quitté les bureaux et services pour exiger la réintégration d'un des leurs (le porte-parole des délégués), licencié le 23 avril 2009.
Pour leurs représentants, la direction est restée muette face à leur plate-forme revendicative, déposée depuis le 26 mai 2008. Devant ce silence, le personnel a observé un sit-in le 27 mars 2009 (7h-12h). Jugé illégal, ce sit-in a coûté le licenciement à leur porte-parole, Yacouba Ouédraogo, cadre (informaticien) de la Société.
Yacouba Ouédraogo« Le directeur veut gérer des moutons qui lui obéissent à chaque levée de bâton », dira El hadj Saïdou Dabo, délégué du personnel, pour expliquer ce licenciement qu'il trouve discriminatoire et injuste. Et depuis le lundi 27 avril dernier, la Direction régionale du travail joue la conciliation.
Les choses restent toujours telles, puisque les stations-service sont toujours fermées et les deux parties n'arrivent pas à s'entendre sur les modalités de levée de la grève : les travailleurs demandent un protocole d'accord conjointement signé par les deux parties, mentionnant la reprise du délégué et l'arrêt de la grève pour qu'ensuite on s'attelle à la satisfaction de la plate-forme revendicative. Mais, toujours selon eux, la direction demande d'abord la reprise du travail, et les renvoie aux procédures judiciaires pour le cas du licenciement.
Les paroles de Yacouba OuédraogoPourtant, les grévistes disent préférer la voie du dialogue et de la discussion. Contrairement à la direction, qui reproche à Yacouba Ouédraogo d'avoir tenu des propos indûs à leur égard, l'intéressé déclare avoir seulement dit que Total-Burkina n'avait pas de contrat d'entreprise.
Concernant ce point de leur plate-forme, selon le personnel, leurs employeurs soutiennent que seuls les travailleurs français ont le droit de bénéficier de l'accord d'entreprise. Quant à la révision de la grille salariale, pour les grévistes, Total-Burkina leur demande « d'attendre les résultats d'une étude qui n'a même pas encore débuté ».
Face à cette situation de dialogue de sourds que manage la Direction du travail, les grévistes ont sollicité le soutien des travailleurs du Burkina et d'ailleurs. Ils auraient déjà reçu des lettres de solidarité de la Confédération générale des travailleurs du Burkina. Le personnel a également réitéré sa reconnaissance aux gérants des stations-service, à certains transporteurs et vendeurs de gaz.
Jean-Marie Toé http://eco.rue89.com/2009/05/02/le-bras-de-fer-de-total-avec-ses-employes-au-burkina-faso Ce que disent les travailleurs www.lobservateur.bf/spip.php?article11227