Appel du 8 Novembre
L'Éducation Nationale en danger ! Pour une vraie formation des enseignants Contre l'idéologie marchande :
> Abaissement de la formation des enseignants
> Destruction du système national d’éducation et de recherche
> Mise en concurrence des établissements, formations et acteurs de l'enseignement
Cet
Appel a d’abord été signé par un ensemble de collectifs, associations, syndicats et personnalités dont la diversité montre l’importance du mouvement national en train de se constituer aujourd’hui dans les universités. Ont en effet accepté de figurer côte à côte, entre autres et pour ne citer que quelques-unes des signatures collectives, la Société des Agrégés et le syndicat
Sud Éducation, Sauvons la Recherche et Reconstruire l’École, Sauver les Lettres et le Snesup, etc.
Pourquoi une telle mobilisation, qui se manifeste aussi dans la centaine de motions actuellement remontées des départements, UFR et conseils centraux d’universités, ainsi que dans les lettres et initiatives prises par les Présidents d’Université ? Parce que l’enjeu est clair : la survie d’une
formation des maîtres qui soit de qualité pour tous les élèves et à tous les niveaux, ainsi que la survie des masters recherche et écoles doctorales, particulièrement en Sciences Humaines et Sociales, partout en France. Et parce que la demande est tout aussi claire : obtenir un moratoire conséquent pour ouvrir des négociations sur la réforme des concours et sur les conditions de la mastérisation.
L’
Appel, ainsi que le dossier constitué par plus de cent motions votées dans les universités depuis fin septembre, étaient remis mardi 18 novembre aux Ministères de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieur (une conférence de presse était organisée à cette occasion) et jeudi 20 à chacun des Présidents d’Université à l’occasion de l’assemblée plénière de la Conférence des Présidents d’Université.
http://appeldu8novembre.fr/phpPetitions/index.php?petition=2
www.sudeducation.org/spip.php?page=imprimer&id_article=2620
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article74799 Généralisation des EPEP : Etablissements publics d'enseignement primaire Trois députés UMP recommandent de "publier, après concertation, les décrets créant les Epep avant la fin 2008, pour une expérimentation à la rentrée 2009".
Lettre d’Aline Flaux, enseignante, à Nicolas Demorand M. Demorand,
Je suis directrice d’une école maternelle en banlieue rouennaise, confrontée chaque jour aux dégâts que notre société provoque sur l’enfance. Tout aujourd’hui concourt à abîmer l’univers des enfants, des rythmes de travail des parents aux saccages commerciaux des moments magiques (Noël, par exemple). L’école est un lieu privilégié où la poésie, le rêve et l’imaginaire n’ont d’égal que la qualité des apprentissages.
J’accueille chaque année une classe entière d’enfants qui n’ont pas trois ans à la rentrée de septembre (certains ont trois ans au dernier trimestre 2008 et les autres auront trois ans dans les premiers mois de l’année 2009 ). Je mesure chaque année la grande aptitude et le bonheur qu’ont ces tout-petits à s’adapter et à grandir en apprenant au sein d’un univers qui leur est entièrement dédié (du mobilier à la culture, de la psychologie à la prise en charge).
Les médias ont aujourd’hui un rôle essentiel, c’est une évidence... Demain vous recevrez le ministre de la grande casse, celui par lequel cette école publique, cette école de la république, heureux héritage de Jules Ferry et de la France jacobine, sera démantelée, livrée doucement à des intérêts loin du philanthropisme indispensable à la mission.
Savez-vous, Monsieur, que les coups les pires sont à venir ?
Ainsi la création à la rentrée prochaine des
EPEP (établissements regroupant 13 et + de classes) gérées par des conseils d’administration où les enseignants seront minoritaires et où les politiques pourront prendre un pouvoir important. Vous le voyez, c’est un
système à l’anglo-saxonne que l’on nous prépare discrètement en sortant des phrases provocatrices qui agitent les médias mais masquent la réalité de ce qui se prépare.
Je suis une enseignante attachée passionnément à l’école publique. Issue d’un milieu populaire, je lui dois tout. L’école m’a permis d’acquérir le savoir (des diplômes supérieurs), la culture, un esprit critique... C’est cette école qui représente un danger au projet libéral. Comme beaucoup de mes collègues je suis inquiète et profondément désespérée de voir s’écrouler ces valeurs collectives de respect, de solidarité, que véhiculait l’école publique.
Je vous écoute autant que je le peux (quand je ne suis pas à l’école), j’admire votre éloquence et votre impertinence. Je vous invite donc à vous documenter au-delà de ce qui est divulgué sur l’école.
Votre profession porte en ces temps de bouleversements et d’abandon du particularisme démocratique français, une responsabilité et un devoir d’information. C’est pourquoi je me permets de vous interpeller.
Aujourd’hui j’étais dans la rue pour l’école, pour dire non aux évaluations d’école, dire non à la transformation en profondeur des mentalités (compétition et rentabilité), dire non à l’assujettissement de l’école aux lois de l’entreprise... à l’heure où la crise du capitalisme remet au goût du jour le système de répartition, pose les questions de cette jungle, il est de notre devoir d’empêcher de livrer l’école aux "chiens et aux loups".
Je serai en classe demain lorsque vous accueillerez M. Darcos, j’accomplirai ma mission comme chaque jour avec amour, professionnalisme et passion... Les tout-petits de 2 et trois ans seront en pleine activité de peinture, de graphisme, d’écoute, de recherche, de tri... Eux, ces petits, comptent sur votre impertinence et vos compétences de journaliste...
D’avance je vous remercie d’avoir cette pensée pour le système éducatif auquel le peuple français est attaché.
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article74799 Etablissements publics d'enseignement primaire (EPEP) : l’arbre qui cache la forêt... D’écoles indépendantes, séparant le plus souvent filles et garçons, on est progressivement passé à des écoles mixtes, puis, à partir des années 1970, pour conserver les petites écoles menacées par la baisse démographique, à des regroupements d’écoles isolées, qui ont été appelés « regroupements pédagogiques intercommunaux », les RPI.
Rappelons en particulier la pluralité des formules d’organisation ou de réorganisation de l’école. Elles couvrent tout l’éventail possible — le statu quo, la fusion d’écoles, le regroupement intercommunal dispersé, le regroupement pédagogique concentré, le pôle scolaire, les réseaux d’écoles rurales, les réseaux d’éducation prioritaire — ; elles se coulent plus ou moins bien dans des cadres juridiques divers — syndicat, EPCI, communauté de communes, EPLE support (...)
Bien que tous ceux qui ont monté et vivent des regroupements s’accordent à en faire valoir les avantages plus que les inconvénients, aucune démonstration sérieuse ni étude valide ne permet de démontrer que la réussite scolaire est meilleure dans un cas ou dans un autre. Ceci rejoint les constats sur les mérites respectifs des classes uniques et des autres classes.
En termes de résultats, il faut oser dire que le choix d'organisation en réseau n'a, au mieux, qu'une incidence indirecte sur l'amélioration des résultats scolaires.
Tout au plus peut-on espérer que les mutualisations de matériels, lorsqu'elles sont organisées, le désenclavement des écoles (...)
Bref, on comprend aisément que
la création des EPEP s'inscrit davantage dans une vision financière que pédagogique.
Il est très probable que la création d’EPEP restera limitée malgré la volonté du ministre.
« Les maires sont très réservés quant au principe d'attribuer aux écoles primaires le statut d'établissement public autonome en raison notamment du fort attachement qu'ils ont au lien communes-écoles et des coûts supplémentaires que ce mode de gestion risque d'engendrer ».
Certes, la proposition de loi prévoit de rendre obligatoire la création d'un Epep dès qu'une école comprend quinze classes. Une goutte d’eau quand on sait que moins de 300 écoles comptent 15 classes ou plus…
Peut-on raisonnablement imaginer que les maires des communes associées en RPI vont abandonner ce qui fonctionne plutôt correctement pour se lancer dans une structure plus complexe nécessitant un regroupement plus vaste encore ?
En effet, en 2001, près de 5000 RPI comprenaient en moyenne de 4 à 5 classes et regroupaient entre 2 et 3 communes. C’est dire qu’il faudrait associer 3 RPI pour créer un EPEP. Il serait illusoire de penser que les maires attendent avec impatience de pouvoir transformer un RPI en EPEP.
Certes, le texte qui sera examiné en janvier 2009 comporte des améliorations par rapport aux précédents projets mais de nombreuses incertitudes et insuffisances demeurent dans cette proposition de loi (présidence du conseil d'administration, statut d'emploi...).
si les efforts ne sont portés que sur le statut d’emploi des seuls directeurs d’EPEP, le sort des directeurs d’« écoles ordinaires » risque d’être oublié à jamais…
www.profencampagne.com/article-23351940.html L'Andev très réservée L'Andev (Association Nationale des Directeurs de l’Education des Villes de France) rappelle qu'elle "s'est toujours positionnée pour examiner les conditions de mise en oeuvre d'Epep dans le cadre d'une expérimentation suivie et évaluée partenarialement". Dès la parution de la loi du 13 août 2004, l'association avait exprimé ses réserves. "Il n'existe pas de diagnostic partagé sur les difficultés produites par les conditions actuelles d'administration de l'école [...]. Les appréciations divergent notamment sur la question de l'autonomie des décisions prises par l'école (trop d'autonomie ou pas assez), sur la souplesse liée à l'absence d'autonomie financière (handicap ou garde-fou ?), le fonctionnement des instances (place des parents trop forte ou pas assez), lien avec la commune (risque de "municipalisation" lorsqu'elle demande des comptes, désintérêt lorsque la mise à disposition de moyen est insuffisante)".
29 septembre 2008
www.andev.fr/