Jean-Luc Mélenchon
MON TEMOIGNAGE, MES SOUVENIRS (extraits)
congrès du Mans du PS, celui qui suivit le vote «non» au référendum.
L’écart de chiffres entre ceux donnés au compte goutte par le siège du parti et les nôtres étaient annonciateurs d’une catastrophe pour nous. Les premiers commentaires donnés par Stéphane Lefoll et François Rebsamen nous plaçaient à quinze ou dix sept pour cent.
A midi le résultat bougeait. Nous avons alors été côtés à 21 %. Quatre point gagnés aux décibels. Mais quel était le vrai résultat ? Personne ne le saura jamais.
Beaucoup doivent se demander comment on peut avoir vécu cela et l’avoir supporté. Précisément je ne l’ai jamais supporté. Ni mes amis.
Mais je dois à la vérité de dire que les choses ne prirent cette tournure d’organisation d’un système généralisé que sous les mandats François Hollande, alors que, jusque là, tous nous pensions qu’il s’agissait d’un folklore détestable concentré dans quelques fédérations de notables comme Georges Frèche et surtout Robert Navarro l’inamovible premier secrétaire fédéral de l’Hérault, par exemple.
Cela ne veut pas dire que ce soit Hollande qui ait organisé ou même permis tout cela car je n’en ai ni preuve ni intuition. Selon moi, cependant, il est bien certain qu’il ne pouvait rien en ignorer après ce que je viens de rappeler sur sa première élection interne. Mais il est possible que son cynisme ordinaire l’ai fait rire aussi de cela.
Les personnes qui n’ont jamais été militantes ne peuvent pas comprendre l’attachement irraisonné que l’on peut avoir envers son parti. Il semble souvent être comme une famille en dépit de ses turpitudes. Il faut savoir que celui qui proteste en est presque gêné.
Ce sont des secrets de «famille».
Mais cela n’est rien par rapport à ce que le trucage des votes produit. Car de fait, non seulement notre vie militante nous est volée, mais le parti lui-même devient imperméable à la société et aux débats de ligne quand ils traversent toute la sphère de la gauche. Ainsi la ligne social démocrate, puis la ligne démocrate se sont imposées au Parti socialiste sans débat. Insidieusement, à travers des dirigeants qui la porte sans pouvoir jamais être atteint.
Ainsi le vote qui a tué l’unité du Parti socialiste, celui sur le référendum de 2005 n’est-il pas un vote mais juste un putsch. Demain les mêmes feront avaler l’alliance au centre, le changement de nom du parti ou ce qu’ils veulent. Il leur suffit de vouloir.
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