« c’est difficile d’expliquer à des cons »UMP : après les «dérapages», voici venu le temps des lapsus Par Kamizole
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sortie d’Hervé Morin, empreinte d’une insigne suffisance à l’égard du journaliste de Beur FM dont il était l’invité le 19 octobre 2010. Répondant à une question sur l’engagement français en Afghanistan, il ne trouva rien de mieux à lui rétorquer que cette phrase sans nul doute destinée à faire florès : « c’est difficile d’expliquer à des cons » (Nouvel Obs, 23 octobre 2010) avant de tenter de se reprendre : « à des… à des hommes et des femmes qui… euh… qu’une partie de leur sécurité se joue à 7000 kilomètres de chez eux !».
Plus méprisant à l’égard du journaliste - sans même parler des auditeurs de la radio ! – tu meurs…
Croyez-vous que ce Béotien mal embouché se fût ensuite excusé ? Que non point ! Selon ce que je lis sur un Flash-Actu du Figaro (23 octobre 2010), « Un lapsus d’Hervé Morin ? » - tout en déplorant ce début de polémique, ce n’est au demeurant qu’une de plus en Sarkozie ! -
ses services préfèrent accuser l’exploitation de l’incident sur Youtube. Comme si les internautes devaient se gêner pour leur mettre le nez dans leurs crottes ! « Si l’on réduit la politique française à l’analyse microscopique de bandes-son découpées sur Youtube, c’est nul. Cette vidéo n’a aucun intérêt. C’est nul, c’est zéro», a fulminé Philippe Tanguy, conseiller auprès d’Hervé Morin.
D’abord sur la forme, une telle discourtoisie est évidemment intolérable de la part de qui que ce soit et de n’importe quelle personnalité politique, a fortiori venant d’un ministre. Mais comment s’en étonner ?
Il ne fait que suivre l’exemple de Nicolas Sarkozy qui s’exprime toujours avec la dernière des brutalités à l’égard des journalistes qu’il méprise foncièrement. Surtout s’ils ne se contentent pas de lui servir la soupe. Nous savons désormais qu’il utilise le même procédé pour s’adresser à Manuel Barroso, président de la Commission européenne. Ce qui ne risque pas d’améliorer l’image de la France et de son président à l’étranger.
Sur le fond, il est évident qu’Hervé
Morin serait bien en peine de donner une réponse circonstanciée sur le bien-fondé de l’engagement militaire de la France en Afghanistan et du maintien de nos troupes. Il ne fait que reproduire ce qu’en dit Nicolas Sarkozy qui lui-même n’entrave que couic à la complexité du conflit et des forces en présence. Le même simplisme abruti que
George W. Bush se lançant à l’assaut de « l’Axe du Mal » (phraséologie à l’évidence inspirée par les cucuteries du fondamentalisme chrétien charismatique).
J’ai d’ailleurs le parfait souvenir d’une
monstrueuse connerie proférée par Nicolas Sarkozy en 2007, lors de la campagne électorale. Interrogé sur le fait de savoir si Al Qaïda était sunnite ou chiite et n’y connaissant visiblement rien, il répondit en Normand : les deux. Or, c’est totalement impossible connaissant la haine farouche et inexpugnable existant depuis la mort de Mahomet entre ces deux tendances de l’Islam. Sachant par ailleurs que Ben Laden est originaire d’Arabie Saoudite où prédomine le wahhabisme – une branche du sunnisme – il est évident qu’Al Quaïda ne saurait accueillir des Chiites. [...]
Un élément essentiel ne doit pas être omis : les Talibans et les islamistes radicaux d’Afghanistan comme du Pakistan sont les «créatures» des États-Unis ! Qui les ont proprement instrumentalisés, financés et armés pour faire échec à l’Armée rouge.
Stupidité que l’on retrouve d’ailleurs dans le conflit israélo-palestinien, Israël ayant de la même manière encouragé la création de mouvements religieux (Hamas dans les territoires occupés et à Gaza, Hezbollah au Liban) pour faire pièce à l’OLP d’Arafat. Avec le résultat que l’on sait : Arafat a reconnu Israël et accepté de négocier tandis que leurs «créatures» islamistes se sont retournées contre Israël à qui ils vouent une haine farouche.
J’ai tenté de résumer autant faire se peut ces quelque 30 ans de guerres en Afghanistan. La situation sur le terrain est autrement complexe. Je me suis intéressée à ce conflit depuis l’entrée de l’Armée rouge à Kaboul en en 1979. Notamment en lisant d’excellents articles du Monde diplomatique. J’ai dans mes archives un article très exhaustif (mais non terminé) rédigé au moment où
Eric Besson n’hésitait pas à renvoyer dans leur pays les Afghans réfugiés en France, au péril de leur vie. Disant stupidement s’il m’en souvient qu’ils devaient aller se battre pour leur pays.
Là aussi, c’est n’y rien connaître. Se battre pour qui ?
Ce serait différent si, comme en France par exemple lors des guerres contre l’Allemagne (1870, 1914-18 et 1939-45), l’Afghanistan était envahi par des troupes étrangères, certains considérant d’ailleurs comme telles et donc ennemies celles de l’Otan et des alliés. Pour le reste, les hostilités ont lieu entre factions rivales, sur fond aussi bien ethnique, régional que religieux. Il y eut de surcroît des accords à géométrie très variable selon les époques entre les différents « Seigneurs de guerre »… Les Afghans qui fuient leur pays n’ont à l’évidence nulle envie de s’enrôler sous telle ou telle bannière et de se faire trouer bêtement la peau pour tels conflits et/ou leurs chefs. Élémentaire, mon cher Watson.
Quand on prétend diriger la France ou sa Défense nationale, il devrait y avoir quand même un minimum de connaissances requis en géopolitique. Sauf à proférer d’énormes conneries ou insulter ceux qui osent poser des questions forcément (im)pertinentes. Dans le bon sens du terme.
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