Les marchés financiers spéculent sur les catastrophes
que provoquera le changement climatiqueJouer sur les catastrophes naturelles à venir pour s’assurer un bon rendement quand les marchés boursiers flageolent : c’est la dernière mode chez les assureurs et les financiers. Bienvenue dans le monde des cat bonds, les placements sur la catastrophe !Pour se prémunir contre les risques de tempête en Europe, l’assureur français [Axa] a émis une «
obligation-catastrophe » (en anglais « catastrophe bond » ou «
cat bond ») de 350 millions d’euros, un montant record en Europe. [...]
Ce petit bijou d’ingénierie financière n’est pas une nouveauté. [...]
Michael Diez, spécialiste de l’assurance enseignant à Paris VIII, fait remonter leur origine au passage d’Andrew en Floride en
1992 qui provoqua pour plus de trente milliards de dollars de dégâts dont les deux tiers ont donné lieu à une indemnisation.
« L’industrie de l’assurance a vite compris la leçon. Elle s’est tournée vers les marchés financiers pour trouver de nouvelles sources de financement et leur transférer une partie des risques que représente pour elle le coût exorbitant de certaines catastrophes naturelles », explique-t-il.
Plus de deux cents
cat bonds ont été émis depuis, toujours pour de courtes durées (2 à 3 ans maximum) principalement aux États-Unis mais aussi en Europe et en Asie notamment au Japon. [...]
Les investisseurs apprécient d’autant plus les « obligations catastrophe » qu’elles peuvent être
très rentables. « Les rendements des
cat bonds varient d’un peu moins de 2 % à plus de 15 % en fonction du niveau de risque », indique Thomas Kretzschmar (Axa Global P&C).
Un marché, le
Catex (pour
Catastrophe Risk Exchange) leur est dédié. [...]
Maître de conférence à la Sorbonne, Razmig Keucheyan vient de publier
La nature est un champ de bataille, un essai dans lequel il dénonce la prolifération des produits financiers « branchés » sur la nature, « obligations catastrophe » mais aussi « marchés carbone », « droits à polluer » ou « dérivés climatiques ».
« Devant la hausse des coûts assurantiels, les assureurs ont compris que le changement climatique augmentait le nombre et l’intensité des catastrophes naturelles et ils cherchent à diversifier et à augmenter leurs ressources » [...]
LA BANQUE MONDIALE PROMEUT LES OBLIGATIONS CATASTROPHE DANS LES PAYS PAUVRES
Mais en faisant du lobbying pour déployer le système des cat bonds dans les pays pauvres,
la Banque mondiale joue avec le feu. « Il faut dans ces pays des mécanismes assurantiels face aux changements climatiques mais les moyens financiers doivent être mutualisés au sein de la
Convention- cadre des Nations Unies sur le climat et non pas confiés à quelques grands assureurs privés et aux marchés financiers », insiste Razmig Keucheyan.
La Banque mondiale essaie de vendre à des pays à risques l’idée de proposer aux marchés financiers leurs propres obligations catastrophe. « Le Mexique a émis à partir de 2006 les premiers
cat bonds « souverains ». Il est désormais question de faire de même aux Philippines et au Chili mais la faiblesse de ces États fait craindre que ces
cat bonds se mettent en place dans des conditions extrêmement favorables au secteur privé », s’inquiète Razmig Keucheyan. [...]
L’exemple du programme mexicain, dit «
Multicat » car il couvre une multitude de catastrophes (ouragans, glissements de terrain, séismes, …) ne prête en effet pas à l’optimisme.
Les tempêtes hors "CAT NAT" en FranceAxa n’est pas le seul assureur français à avoir émis une obligation catastrophe. Groupama a fait de même en juillet 2013 en levant sur les marchés un
cat bond de 280 millions destiné à diversifier ses couvertures tempêtes en France. Si les inondations, les séismes ou encore les avalanches sont couverts en France par la loi relative à l’indemnisation des catastrophes naturelles, ce n’est pas le cas des tempêtes, de la grêle ni du poids de la neige. [...]
Ainsi 12 % de tous les contrats « dommages » est dédiée en France à l’assurance des catastrophes naturelles. « La moitié de ces primes est collectée par la Caisse centrale de ré-assurance (
CCR), ré-assureur public qui a la garantie illimitée de l’État et qui rembourse la moitié des dégâts voire davantage en cas de catastrophe naturelle », rappelle-t-il.
Les modélisations ont montré qu’il faudrait un événement vraiment exceptionnel tel que la crue de la Seine en 1910 pour que l’État y soit de sa poche.
https://reporterre.net/Les-marches-financiers-speculent-sur-les-catastrophes-que-provoquera-leLe dérèglement climatique, non seulement il n'est pas combattu, mais encore la finance spécule dessus.
C'est ce que rappelle Monique Pinçon-Charlot vers la 30e minute de cette vidéo :
"
LA CASTE, COMMENT S'EN DÉBARRASSER ? COMMENT LA REMPLACER ?"
Un entretien à l'Assemblée nationale avec François Ruffin, Laurent Mauduit et Denis Robert, le 14 novembre 2018.
https://www.youtube.com/watch?v=5svq2j34jVY Le maire de Grande-Synthe (Nord) attaque l'État pour « inaction climatique »Damien Carême, a engagé un recours gracieux auprès de l’État pour « inaction en matière de lutte contre le changement climatique », a-t-on appris mardi 21 novembre 2018.
Ce recours administratif - qui se fait auprès de l’autorité administrative qui a pris un acte contesté - a été déposé la veille auprès du ministre de la Transition écologique, du Premier ministre et du président de la République « pour que la France mette enfin en place les politiques nécessaires pour respecter les engagements que nous avons pris, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », a affirmé l’avocate du maire et ancienne ministre de l’Environnement, Corinne Lepage. En clair, que la France réduise drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre (GES).
« Non seulement nos émissions de gaz à effet de serre sont
en constante augmentation depuis 2015, mais elles pourraient le rester jusqu’en 2023 ce qui est inacceptable », écrit Corinne Lepage dans un argumentaire de dix-neuf pages
Damien Carême s’inquiète notamment pour l’avenir des 22.000 habitants de Grande-Synthe - dont il est le maire depuis 2001 - située sur un territoire de polder particulièrement menacé par la
submersion marine en cas d’augmentation du niveau de la mer. « Je demande que (...) les dirigeants soient contraints à mettre en œuvre des solutions pour lutter contre le changement climatique qui est la pire menace qui pèse sur notre civilisation ».
Le gouvernement dispose d’un délai de deux mois pour accéder à la demande du plaignant. En cas de réponse négative, « on ira devant le juge », a affirmé Corinne Lepage.
Face à l’urgence climatique, en plein virage de la transition écologique,
les recours en justice devraient se multiplier dans le monde. En mai, dix familles à travers le monde (Portugal, Allemagne, France, Italie, Roumanie, Kenya, Fidji et Suède) ont assigné en justice l’Union européenne pour inaction climatique et violation des droits humains « pour avoir autorisé un niveau trop élevé d’émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et d’ainsi ne pas avoir protégé les citoyens du réchauffement climatique ».
En octobre, aux Pays-Bas, la justice a confirmé en appel l’obligation de l’État de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le pays de 25 % d’ici à 2020, faisant suite à la plainte déposée en 2015 par l’ONG
Urgenda représentant 900 citoyens.
http://www.lemarin.fr/secteurs-activites/environnement/32900-un-premier-recours-contre-letat-francais-depose-pour-inactiohttp://www.lavoixdunord.fr/492491/article/2018-11-20/le-maire-de-grande-synthe-attaque-l-etat-pour-ses-emissions-de-gaz-effet-de