BP le vrai visage de la catastrophe écologique du Golfe du Mexique
The Gulf oil disaster truthLa vérité sur la catastrophe pétroliere dans le golfe du MexiquePar Wayne Madsen
Le long de la côte du Golfe, venant des écologistes et des spécialistes de la faune aux pêcheurs et aux hommes d’affaires, le message est partout le même : la compagnie BP n’est pas seulement submergée d’informations concernant ce qui se trame réellement dans le désastre pétrolier du Golfe du Mexique, elle a aussi réquisitionné les organismes clés de supervision et de réglementation du gouvernement fédéral pour faire avancer son ordre du jour et celui de ses partenaires pétroliers, notamment
Halliburton,
Anadarko, et
Transocean.
La personne la plus haïe dans le Golfe est le commandant superviseur des incidents nationaux du président Obama,
Thad Allen, qui a pris sa retraite de commandant de la Garde côtière le 30 juin. Allen est considéré comme trop proche de BP, et il existe des rapports locaux selon lesquels, longtemps avant l’explosion de Deepwater Horizon le 20 avril, Allen discutait d’un emploi de cadre supérieur avec BP.
La logistique du nettoyage de la marée noire est critiquée à cause de la confiance excessive mise dans les navires spécialisés dans l’écrémage du pétrole en eau profonde. Aucune procédure n’est prévue pour utiliser des récupérateurs capables d’opérer en eaux peu profondes, entre 45 et 60 centimètres. Un certain nombre de bateaux capables d’écrémer les eaux peu profondes sont amarrés au port et ils ne sont pas utilisés par BP.
zoomLes pêcheurs, qui ont de l’expérience dans le sauvetage des tortues de mer empêtré dans les filets de pêche, ne sont pas invités dans les opérations de sauvetage des tortues. En fait, ils risquent de se faire arrêter seulement en touchant une tortue menacée.
Comme la plupart des pêcheurs n’ont pas été embauchés par BP, environ 3.000 d’entre eux se retrouvent désœuvrés à cause du désastre. Les pêcheurs oisifs ont été informés par BP qu’ils seront appelés quand leur aide sera nécessaire. Mais BP leur a dit plus tard que beaucoup ne seront probablement jamais appelés. Or, BP a engagé
une armée de prestataires et de sous-traitants qui flambent beaucoup d’argent pour apaiser certaines entreprises locales. En tout cas, j’ai remarqué un grand nombre de vendeurs de fruits de mer et de restaurants fermés en conduisant vers Venice.
Ceux qui sont engagés par BP pour nettoyer les plages et les eaux ne sont pas autorisés à porter des
appareils respiratoires et beaucoup tombent malades et même crachent du sang. Tout en conduisant vers Venice, j’ai moi-même éprouvé des brûlures et un larmoiement des yeux. Cette irritation a duré des heures après mon retour sur la rive ouest de la Nouvelle-Orléans.
Propagée par BP, la désinformation est accentuée par un certain nombre de journalistes de la télévision locale intégrés aux unités de la Garde côtière dans les eaux au large de la côte et dans les marais et les estuaires. Par-dessus le marché, la
National Oceanic and Atmospheric Administration (
NOAA), accusée par de nombreux écologistes et pêcheurs locaux d’être complice de la
dissimulation des mauvaises nouvelles, a publié un rapport affirmant que les vérifications de 600 poissons pêchés dans les eaux «aux abords des limites du pétrole» se sont avérées être négatives aux produits chimiques toxiques. Les pêcheurs que j’ai interrogés ont déclaré que cette affirmation est ridicule puisqu’il n’y a pas de poisson dans les eaux de la zone pétrolière ou à proximité.
Les poissons partis des eaux du Golfe au large de la Louisiane sont les mérous, les vivaneaux, les sérioles, les thons, et même les petites blennies colorées qui se nourrissent normalement autour des pylônes des plates-formes pétrolières du Golfe et que l’on trouve seulement dans le bassin de l’Amazone, en plus des eaux du Golfe en Louisiane.
Les eaux du Golfe se transforment lentement en une soupe d’hydrocarbures d’une couleur noirâtre translucide, faite de bulles de pétrole dispersées. Les propriétaires, dont
les bateaux de pêche ont servi aux efforts de nettoyage et qui ont leur coque de fibre de verre endommagées à cause de la pénétration des hydrocarbures, ont été informés par BP que leurs bateaux devront être détruits par la suite et leurs coques broyées. Pourtant, même les bateaux qui n’ont pas servi au nettoyage seront détruits sans avoir l’assurance que BP indemnisera les propriétaires.
La NOAA ne s’occuperait pas non plus des cartes bathymétriques du fond de la mer du Golfe. Elles montrent une
énorme fissure du fond marin, située à 11 kilomètres du site de Deepwater Horizon. Cette fissure libère 120.000 gallons (550 mètres cubes) de brut par jour, avec du gaz méthane.
Le pétrole dispersé par le Corexit s’est infiltré sous les barrages installés pour protéger le lac de Ponchartrain, au nord de la Nouvelle-Orléans. On trouve à présent des poissons morts et des boulettes de goudron dans le lac.
Plus loin, dans le Golfe et le long des refuges sensibles comme l’île d’Elmer, d’énormes rassemblements de poissons morts sont signalés par les résidents locaux. La Garde côtière et BP ont établi une
zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’île d’Elmer, qui est un grand sanctuaire d’oiseaux.
D’autre part, les pêcheurs locaux ont déclaré que les zones de reproduction du Golfe, à l’origine de 40 pour cent des produits de la mer en Zunie, sont détruites par le pétrole et la soupe chimique créée par la mixture de pétrole et de Corexit 9500. Le
Corexit décompose le pétrole brut en petites boulettes d’hydrocarbure et une bouillie de pétrole aqueux qui s’infiltre sous les barrages mis en place pour protéger les nurseries de poissons, les parcs à huîtres, et les autres zones immaculées sensibles. De nombreuses espèces de poissons de l’Atlantique se multiplient également dans le Golfe et elles sont aussi menacées par la marée noire.
Même les bernacles, l’une des créatures de mer les plus résistantes aux situations extrêmes, meurent en grand nombre, avec les éponges et le corail.
Près de Venice, dans la paroisse de Plaquemines en Louisiane, on trouve l’ancien fort de la guerre civile, Fort Jackson. Fort Jackson, site historique et parc national, a été transformé en base majeure commune de BP et de la Garde côtière pour les
déversements de Corexit sur le pétrole dans le Golfe. J’ai été témoin de cinq hélicoptères transportant des sacs blancs de Corexit suspendus au-dessus des eaux du Golfe. Installés à la hâte aux entrées de Fort Jackson, des panneaux avertissent que le site est fermé aux visiteurs en raison de «travaux». Fort Jackson sert en réalité de base principale pour les opérations de BP et les activités de la Garde côtière. L’administration Obama, qui avait déclaré sa volonté d’un «gouvernement ouvert», est embringuée dans ce qui équivaut à des opérations semi-secrètes de BP et de la Garde côtière dans le Golfe.
J’ai aussi été informé par une source digne de confiance que BP s’est engagée dans la pulvérisation de nuit d’un
agent blanchissant sur les plages de Louisiane pour faire croire qu’elles ont été nettoyées. En volant toute lumière éteinte, les avions qui volent la nuit ne tiennent aucun compte des règlements de vol. Les opérations ont été approuvées par la Garde côtière et la Federal Aviation Administration (FAA).
Est aussi critiquée l’
Environmental Protection Agency (
EPA), qui a gardé le silence quand les commandants fédéraux ont renvoyé les employés sauveteurs de la faune du Texas et des autres États. Un groupe à qui il a été dit de faire ses bagages était
Wildlife Rescue & Rehabilitation, Inc., une organisation bénévole du Texas qui a 20 ans d’expérience dans les soins de sauvetage pour animaux des marées noires. BP a engagé
O’Brien Group, une filiale de SEACOR Holdings de Fort Lauderdale en Floride, comme coordonnateur du sauvetage de la faune. Les écologistes locaux considèrent O’Brien comme un complice de BP.
L’EPA est également restée muette à propos des rapports sur
la qualité de l’air à Venice, qui montrent que l’hydrogène sulfuré dans l’air a été mesuré à 1192 parties par milliard le 7 mai. Cinq parties par milliard sont considérées dangereuses pour la santé humaine. Les rapports du 7 mai montrent en outre que le taux de benzène dans l’air a été mesuré à 5000 parties par milliard, à nouveau un niveau dangereux pour la santé.
Le propylèneglycol, un composant majeur du Corexit 9500, est mesuré dans les eaux du Golfe à 150 fois la concentration létale.
BP a engagé cette même entreprise qui a effectué le suivi de la qualité de l’air suite à la marée noire provoquée par le cyclone Katrina à la rafinerie Murphy de Chalmette, pour assurer le suivi du désastre pétrolier actuel. Cette firme a été qualifiée de «menteuse invétérée» lors des deux incidents par les écologistes et les planificateurs des urgences.
Les agents de nettoyage de BP ont aussi été trouvés en train de décharger des boulettes de goudron provenant de l’eau et des plages sur des
sites d’enfouissement du Mississippi et de la paroisse de Saint Tammany en Louisiane. Le pétrole de la boue s’infiltre dans les nappes phréatiques locales.
Relayé par : onlinejournal.com/artman/publish/article_6106.shtml
Traduction copyleft de Pétrus Lombard
15 juillet 2010
http://resistance71.wordpress.com/2010/07/15/bp-le-vrai-visage-de-la-catastrophe-ecologique-du-golfe-du-mexique/