Mon samedi avec les lapins qui sabotent les chasses à courrePar Sophie Verney-Caillat
Un nouveau décret les menace d'une amende, mais les membres de Droits des animaux ont bravé l'interdit en forêt de Senlis. [extraits]
Ce 2 octobre, c'est la Saint-Hubert. Les « hunt saboteurs » ont choisi le jour du patron des chasseurs pour faire leur fête aux adeptes d'une pratique « barbare » : la chasse à courre. Rendez-vous est donné avant l'aube sur les Champs-Elysées.
Devant le Virgin Megastore, Jean-Luc, militant de Droits des animaux, annonce le programme de la journée à une trentaine d'« obstructeurs » :
« Nous, on est là pour sauver la vie d'un cerf. »
David Chauvet, juriste et membre fondateur de l'association, cadre ses troupes :
« Pas de violence physique ni verbale. Si ça se corse, c'est l'asso qui prend en charge les frais. »
L'objectif numéro 1 est de pourrir la journée de chasse à courre de l'équipage du rallye des Trois-Forêts.
Et au passage, si possible, de se faire verbaliser afin de contester le « décret féodal » de juin 2010, qui crée l'infraction d'« obstruction à un acte de chasse », punie de 1 500 euros d'amende.
L'association Droits des animaux veut plaider l'atteinte aux libertés publiques devant la Cour européenne des droits de l'homme.
En voiture, direction la forêt de Senlis par l'autoroute du Nord. […]
L'équipage du rallye des Trois-Forêts est déjà sur place : des messieurs et quelques dames venus de toute l'Ile-de-France. Les chasseurs portent une bombe en velours ou une casquette en tweed et une redingote de belle étoffe.
Beaucoup ont la chevalière au doigt, et quelques-uns, un cor -pardon, une trompe- à l'épaule. Leurs chevaux athlétiques ont été convoyés par camions.
Un militant déguisé en lapin se précipite sur un chasseur, qu'il essaye d'enlacer :
« Allez, juste un câlin de lapin… un peu d'amour dans un monde de brutes. Attention, pas d'accouplement entre un lapin et un humain, ça risque de donner une fin de race… »
« Pourquoi vous tuez des animaux ?
- Je réfute complètement ce vocabulaire, répond un vrai chasseur. Ce n'est pas nous qui tuons, ce sont les chiens qui décident. »
Les gendarmes filment, un autre chasseur s'interpose : « Poussez-vous », dit-il au lapin.
les chasseurs, la cinquantaine bien assise, aristos ou professions libérales assez à l'aise pour consacrer 15 à 20 000 euros par an à leur loisir.
Tout le monde tourne en rond, se croise au hasard. Les cavaliers snobent les hommes en noir, qui se rabattent sur l'objectif premier : gâcher le plaisir des chasseurs.
16 heures, cerf, es-tu là ? Plus personne ne sait très bien où on en est. On a vu des cavaliers traverser une allée, des suiveurs à vélo.
Deux gendarmes, assis dans leur 4 x 4, se tâtent pour savoir si l'infraction est constatée. L'un d'eux se gratte le menton : « C'est quoi la cause, là ? Un cerf ? » Finalement, c'est non pour l'amende. Circulez. Le son du cor résonne au loin, on entend quelqu'un crier « Assassins ! » dans un mégaphone…
www.rue89.com/planete89/2010/11/28/mon-samedi-avec-les-lapins-qui-sabotent-les-chasses-a-courre-177720Prosélytisme des chasseurs en milieu scolairehttps://sarko-verdose.bbactif.com/urgences-annonces-f5/non-au-proselytisme-des-chasseurs-en-milieu-scolaire-t289.htm