Mise à mort de la médecine du travailÀ l'heure de la sous déclaration massive des accidents du travail, de l'augmentation des maladies professionnelles et des suicides au travail (comme cela a été révélé à France Télécom), à l'heure de la hausse des accidents cardiaques et vasculaires liés au stress et à la souffrance au travail, à l'heure où dérivent les méthodes de management et leurs exigences dévorantes de productivité, faut-il affaiblir ou renforcer la médecine du travail ?
Après plus de vingt ans de dégradation continue de la santé au travail, nul ne nie quil y ait besoin d'une grande réforme pour la reconstruire. Mais les salariés, les syndicats, les professionnels des questions de santé au travail sont terriblement inquiétés par les orientations de la «réforme» annoncée de M.
Darcos.
C'est un projet qui va dans le sens de celui du
Medef auquel, pourtant, tous les syndicats de salariés se sont opposés unanimement en 2009. Il propose carrément de violer le cadre de responsabilité du médecin du travail pour qu'il serve de bouclier protecteur à celui des employeurs. Il est en contradiction de manière rédhibitoire avec les principes du
Code de Déontologie médicale inscrits dans la Loi. Il projette d'organiser les prochains
services de santé au travail (SST) en donnant total pouvoir au patronat : seront juges et parties ceux-là mêmes qui créent les risques.
Plus que jamais les médecins du travail et les autres acteurs des SST seront cantonnés dans des activités éloignées de la défense de la santé des travailleurs. Il s'agit de la mort de toute réelle
prévention en santé au travail. Il s'agit de «
démédicaliser» la seule spécialité dont l'objet est le lien entre la santé et le travail. Il s'agit de prendre prétexte de la pénurie (réversible) de médecins du travail en les remplaçant par des
infirmiers alors que ceux-ci ne peuvent pas se substituer aux médecins et qu'ils nont pas de statut protégé. Il s'agit de transférer ces missions aux directeurs des services interentreprises de santé au travail (SST) c'est-à-dire aux Conseils d'Administration composés majoritairement d'employeurs (2/3).
Il s'agit de
déposséder les «commissions de contrôle» de leurs prérogatives notamment en ce qui concerne le droit d'opposition à la mutation ou au licenciement des médecins du travail, alors qu'au contraire ce droit dopposition devrait être étendu pour que tout «Intervenant en Prévention des Risques Professionnels» bénéficie d'un statut de « salarié protégé ».
Comment une « prévention » peut-elle exister, sans entretien clinique régulier avec les salariés, en espaçant les visites tous les 3 ans ?
L'aptitude et l'inaptitude seraient définies du point de vue patronal : actuellement ces notions n'ont pas de définition légale, le médecin du travail les apprécie au cas par cas selon les risques pour la santé liés au poste de travail. Une nouvelle définition écrite dépendrait exclusivement de la capacité du salarié à effectuer la totalité des tâches prescrites : elle aurait une «simplicité» radicale, binaire (apte ou inapte) et reviendrait à supprimer toute notion d'aménagement de poste et d'adaptation des tâches à l'homme.
Le
Medef voulait aussi que le médecin-conseil puisse déclencher une procédure obligatoire de
retour au travail pendant l'arrêt de travail. L'employeur serait libéré de ses obligations de reclassement dès la visite de reprise. Après cette visite unique, et dans un délai de 21 jours, le salarié déclaré inapte pourrait être licencié. Les voies de recours, aujourd'hui possibles auprès de l'inspection du travail, seraient renvoyées à des dispositions non précisées. Le projet de X. Darcos reprend les mêmes intentions, très dangereuses pour les salariés victimes d'accident du travail ou de maladie professionnelle. Au contraire de tout cela, une véritable
prévention en santé au travail est nécessaire et possible.
L'indépendance professionnelle exige que les préventeurs soient à l'abri des pressions de ceux qui les paient. Avec le
mode de production en flux tendu et la recherche effrénée de gain de productivité, les conditions de travail se dégradent partout, tous les secteurs sont «à risques», bureaux comme ateliers. Une authentique médecine de prévention, en adéquation avec les constats sur le terrain, peut tirer sa grande pertinence de l'entretien clinique régulier des salariés avec le médecin du travail. Il faut que la médecine du travail authentique et spécifique soit un véritable
service public indépendant, avec les moyens nécessaires, la formation, les effectifs, et la prévention apparaîtra redoutablement efficace, progressive et finalement «économique» dans l'intérêt des salariés.
www.mediapart.fr/club/blog/raphael-jornet/070210/non-la-mise-mort-de-la-medecine-du-travailCombien de morts dues au travail resteront encore impunies ?On meurt de plus en plus du travail et au travail, par suicide ou accident, sans compter les maladies professionnelles évitables. Des injustices le plus souvent sans réelles mises en cause des responsables selon la Fondation Copernic, qui appelle à des assises du travail début 2011.
www.humanite.fr/2010-02-08_Politique-_-Social-Economie_Combien-de-morts-dues-au-travail-resteront
www.humanite.fr/2010-02-08_Politique-_-Social-Economie_Pascal-au-nom-du-frere-tombe-de-la-nacelle Appel à signer Collectif des médecins du travail de Bourg-en-Bresse :
Docteurs Mireille Cellier, Odile Chapuis, Jacqueline Chauvin, Elisabeth Delpuech, Karyne Devantay, Yusuf Ghanty, Chantal Lafarge.
Premiers signataires :
Fondation Copernic, Christiane ALLIATA - inspection du travail Grenoble, Claire AMOUREUX - médecin du travail Ain, Guy ARDIET - psychiatre des hôpitaux Lyon, Corinne ARGENTY - Ergonome Conseil, Gilles ARNAUD - médecin du travail, Pierrick ARS - DAT DDTEFP Morbihan, Bertrand ARTIGNY - expert CHSCT, Michel BANCE - inspection du travail, Gérard BERTHIOT - médecin hospitalier, Michel BIANCO - père de Jérôme Bianco décédé d'un accident du travail 13 770 venelles, Dominique BLAISE - médecin du travail, Xavier BLANCHARD - contrôleur du travail Paris, Christian BONNAUD - médecin généraliste, Corinne BONNET - médecin du travail, Thierry BOUCHET - contrôleur du travail Val dOise, Géraldine BOUREAU - contrôleur du travail CT49, Pierre BOUTONNET - inspecteur du travail SUD TRAVAIL Grenoble, Magalie BRESSE - contrôleur du travail Evry, Sylvie BRESSON - médecin du travail Grenoble, Paul BRICHLER - inspecteur du travail Meuse, Martine BRUN - contrôleur du travail 69, Thérèse Bugaut : Ud CGT de lAin, Christian CADIER - secrétaire général FO de l'Ain, Alain CARRE - médecin du travail, Mireille CELLIER - collectif des médecins du travail de Bourg en Bresse, Corinne CHABERT - médecin du travail Chambéry, Roger CHAMPS - CGT branche santé-action sociale, Odile CHAPUIS - collectif des médecins du travail de Bourg en Bresse, Yves CHAPUIS - médecin psychiatre, Jean CHAUDIEU - Retraité BTP Saint Germain en Laye, Jacqueline CHAUVIN - collectif des médecins du travail de Bourg-en-Bresse, André CICOLELLA - chercheur en santé environnementale, COMITE ATTAC MACON, Francis COMPERE - Retraité SNPDOS-CFDT (79), Joëlle COMTE - inspection du travail Belfort, Pierre CORNUT - médecin du travail Valence, Jean COUPEAU - contrôleur du travail Paris, Josiane CREMON - médecin du travail Grenoble, Michèle DASCALESCU - assistante Pôle DEC DIRECCTE Aquitaine, Joëlle DE-VEYLDER - contrôleur du travail Montpellier, Jacques DECHOZ - inspecteur du travail SUD travail, Sandra DELOURME - inspection du travail Rennes, Elisabeth DELPUECH - collectif des médecins du travail de Bourg en Bresse, Karyne DEVANTAY - collectif des médecins du travail de Bourg en Bresse, Anita DOUESSIN - inspecteur du travail DRTEFP Bretagne, Marie-bernadette DUBREZ médecin du travail., Françoise DURAND-PEYRE - assistante médicale CHU Lyon., Monique DUVAL - contrôleur du travail Paris, Jean-marie EBERT - médecin du travail, Anne EDDNADNI - inspection du travail, Michel ETCHESSAHAR - contrôleur du travail Bourgoin 38, Françoise FILOCHE - Infirmière, Gérard FILOCHE - inspecteur du travail (...)
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